Pay-Less Monument
Le laboratoire de Thomas Edison, une ancienne base militaire, le local d’une association d’ufologues… Dans ces différents lieux, des orateurs louent le génie et l’esprit de conquête américains, avec un art consommé du storytelling. Mais Pay-Less Monument se raconte autant dans les interstices qui séparent chaque séquence que dans les séquences elles-mêmes. Tous les lieux de mémoire et de fantasmes que nous découvrons ici sont, en quelque sorte, des monuments au rabais, comme ces pierres tombales bon marché auxquelles renvoient le titre du film. Tous se situent dans le New Jersey, territoire périphérique par essence, coincé entre New York et Philadelphie. À travers les récits quasi-mythologiques qu’ils livrent, ses habitants semblent tenter d’exister dans la grande histoire : celle des progrès scientifiques, des épisodes historiques, de la Vie (on a trouvé ici des ossements de dinosaures), et même de l’univers (une plaque explique que tel tas de fer fouillé fut jadis une antenne qui recueillit des traces du Big Bang). Face à ces discours, le minéral fait office à la fois de motif récurrent et de témoin impassible. Les images de Théodora Barat ne cessent de revenir sur ce moment où l’inerte s’illumine, des ampoules électriques d’Edison aux minéraux fluorescents sous la lumière ultraviolette, en passant par les bombes nucléaires… Entre les discours orientés des humains et la présence intemporelle du minéral, un texte de Robert Smithson vient faire le lien : le paysage semi-urbain du New Jersey, avec ses bâtiments aux larges baies vitrées, ne possède-t-il pas des qualités cristallines ?
Olivia Cooper-Hadjian
Bertrand Scalabre
Julien Guillery
Arno Ledoux
Cécile Perlès
Nuit Blanche Productions, bertrand@nuitblancheprod.fr