Symphonie industrielle
« Nous voulons un film de prestige. C’est à l’artiste que nous nous adressons. Considère-toi comme un peintre auquel nous demandons de réaliser une grande fresque sur la compagnie, disaient les gens de Philips. […] j’avais tout de suite parlé aux ouvriers : Ces hommes travaillent dans l’usine mais ils vivent au dehors, pour moi, c’est un tout, leur avais-je dit […]
Le tournage a duré quatre mois. Un travail sérieux et méthodique. A cette époque-là, j’étais très technique et j’avais décidé que ce film serait fondé sur des recherches d’effets, des trucages, et l’utilisation des moyens les plus perfectionnés… J’écrivais un poème, je jouais avec le matériel que Philips avait mis à ma disposition et, chaque fois que j’en avais la possibilité, je m’approchais des hommes au travail et je les filmais […]
A la fin du tournage j’avais présenté une sélection des rushes avant de commencer le montage… une femme, chef de service, me dit : en voyant toutes ces images il me semble qu’en les organisant d’une certaine manière, vous pouvez faire un film bolchévique sur notre société, elles ont un double sens […]
Lorsque le film fut terminé et accepté, Philips en tira des copies. Ce fut un désastre. Sur les quarante épreuves envoyées dans le monde entier, sept seulement furent acceptées. Les autres filiales renvoyèrent le film. Elles étaient scandalisées. Ce film est une honte, on y voit trop d’images négatives sur notre compagnie, il est inutilisable pour notre publicité ». (Joris Ivens)
Capi Films
Helen van Dongen; Joris Ivens
Joris Ivens; Mark Kolthof; John Ferhout