Portrait of Gina
«Portrait of Gina peut être considéré comme un brouillon inspiré des futurs “films-essais” de Welles, F for Fake et Filming Othello. Gina Lollobrigida, alors au sommet de sa gloire érotique, y devient prétexte à digressions et enchaînements. En reculant sans cesse le moment de la rencontre avec Gina, Welles se joue de l’attente du téléspectateur et fait d’un reportage banal un véritable journal filmé, qui alterne considérations générales sur l’Italie ou les vicissitudes du métier d’acteur et expérimentations sur le temps et l’espace, seulement unifiées par la présence constante de Welles et quelques notes de la rengaine du Troisième homme. Portrait of Gina devait être le premier épisode d’une série télévisée intitulée Orson Welles at Large. Mais la chaîne n’a pas aimé le résultat et les choses en sont restées là. Longtemps considérées comme perdues, les bobines de ce reportage d’auteur ont été retrouvées en 1986 dans un dépôt de films, abandonnées là par le service des objets trouvés d’un grand hôtel parisien, où Welles les avait oubliées lors d’un de ses innombrables séjours à Paris. L’émission Cinéma cinémas en diffusa des extraits et le Festival de Venise projeta la version intégrale, en présence de Gina Lollobrigida. Furieuse du résultat et des quelques allusions à ses ennuis fiscaux, celle-ci menaça d’attaquer en justice et parvint à faire interdire toute nouvelle projection.» (Frédéric Bonnaud, Les Inrockuptibles)
Claude Fusée