Preparativi di fuga
Des clochettes au loin, la fanfare d’une procession religieuse, la télévision ou la radio, le son dans Preparativi di fuga génère des lignes de fuite, des pôles d’évasion que l’image s’empresse de démentir soit par sa composition soit par son montage et sa récurrence. Si la fuite est un hors champ insaisissable, la clôture est le thème majeur de ce film sans paroles tourné à Vibo Valentia, en Calabre, dominé par le noir et blanc et fortement marqué par Buñuel et De Seta. Le noir et blanc ne donne pas seulement une atemporalité au film, il n’en suspend pas seulement le temps, il cerne mieux les contours et les volumes, il ordonne géométriquement l’espace. Un champ filmé en noir et blanc n’est plus un horizon mais un carré au gris plus ou moins dense qui retient prisonnier le bétail. Les fenêtres, les portes dessinent d’autres murs, blancs ou noirs, derrière les murs. Les routes ne mènent nulle part : elles vont du même au même d’un point à un autre point identique. Les écarts de vitesse, les ruptures de rythme créent des mondes qui n’interfèrent jamais. Les gros plans enferment les visages dans la solitude des regards. Chacun est prisonnier de son monde et n’en peut sortir, pas plus le scarabée qu’une main cueille dans sa course que le paysan retenu par sa terre et son bétail et condamné à toujours rester au bord de la route, pas plus l’automobiliste incapable de descendre de sa voiture que la chienne qui aimerait se faire chat mais que les chats s’empressent de rejeter. (Yann Lardeau)
Stig Dagerman Film
Tommaso Cotronei
Tommaso Cotronei
Tommaso Cotronei
Stig Dagerman Film