Ren jian tong hua

C’est sur un salut très sage des professeurs à leur arrivée et une réunion de pionniers afin de montrer l’exemple que commence Ren jian tong hua (« L’école »), peinture au quotidien de la vie d’une école primaire de Huangshi, dans la province du Hubei. Mais entre l’absentéisme en bandes, les bagarres dans le couloir, les rivalités entre filles et garçons, les disputes lors de l’élection du meilleur élève, la vétusté des locaux, le peu de considération que leur accorde la société, les faibles salaires, les professeurs ont maille à partir et se laissent parfois aller au découragement. S’il est vrai qu’à l’école primaire s’écrit le premier chapitre de la vie, l’écriture de ce chapitre demande beaucoup de patience et de persévérance. Les relations professeurs-élèves sont bien sûr au centre du film, mais en sont-elles réellement l’enjeu ? Le vécu des professeurs, leurs interrogations sur leur métier, sur leur place dans une société en pleine mutation, constituent l’autre part du film – et sans doute la plus importante. La salle des professeurs ici compte autant, sinon plus, que les classes. Ce sont les professeurs que les enfants saluent au début du film et encore eux qu’ils célèbrent à l’occasion de la Journée mondiale de l’enfance, en juin, moment de fête dans les écoles en Chine où les enfants exécutent des danses, récitent des poèmes et défilent devant un cortège de notables. Ce moment éprouvant pour les enfants, où la grâce le dispute à la tension, faisait, hier, la fierté des professeurs. C’est sur la remise en cause de cette cérémonie « dépassée et pénible pour les professeurs » que s’achève Ren jian tong hua. (Yann Lardeau)