San Siro
Tout commence comme un étrange ballet, que les cadrages et le son délibérément étouffé apparentent à de la science-fiction : un homme marche avec un pied de biche, bientôt une douzaine de silhouettes en ciré jaune investissent la grisaille et extirpent de l’asphalte un enchevêtrement de câbles. L’écran large accentue la géométrie compliquée de ces travaux, d’emblée inscrits dans une gestuelle rituelle. Un jeu d’échos s’installe entre les câbles enroulés et les roues des échafaudages d’un stade de football, auxquels répond bientôt le mouvement giratoire des supporters gravissant les étages. Mais déjà la dramaturgie prend le pas sur la composition, et les plans d’ensemble qui rappellent l’œuvre photographique d’Andreas Gursky ouvrent à un récit soigneusement réglé. Toilettes fouillées, ouverture du portail minutée, caméras et moniteurs branchés pour immortaliser la grand-messe à venir. Toujoursle cercle : celui des fiches électriques, de la mire qui s’affiche sur les écrans, et celui, en parallèle des casques audio qui isolent les joueurs dans une concentration ouatée. Les dieux du stade peuvent entrer – si le titre français du documentaire de Leni Riefenstahl sur les J.O. de 1936 vient à l’esprit, c’est parce que le protocole que reconstruit San Siro a quelque chose de glaçant dans sa préparation si bien huilée. Est-ce un événement sportif qui se répète, ou le tropisme programmé de travailleurs et de consommateurs envers un petit groupe survalorisé ? (Charlotte Garson)
Lorenzo Senni
Yuri Ancarani
Mirco Mencacci
Yuri Ancarani
Studio Ancarani