Sanya i vorobey
“Tout le monde s’est échappé d’ici sauf ceux qui n’ont nul endroit où aller.” Cette phrase pourrait être tirée du Stalker de Tarkovski, sauf que c’est l’ouvrier d’une usine de concassage de pierres de Moscou qui la prononce. Cette usine, c’est sa Zone. Figure héroïque d’hier, à présent oubliée, le prolétaire nous revient dans le film d’Andreï Gryazev se débattant au plus profond d’un cauchemar sans issue. Sanya, 37 ans, et le Moineau, 19 ans, attendent vainement depuis des mois un salaire qui ne vient pas. Avec eux quelques Ouzbeks “retenus en otages” faute d’argent. L’usine où ils travaillent, sur le point de fermer, est à l’abandon. La radio diffuse des bluettes où il n’est question que de bonheur et d’avenir radieux quand Sanya et le Moineau n’ont rien à se mettre sous la dent. Sanya voudrait quitter cette vie de chien et rentrer chez lui, à Toula, mais il n’a pas de quoi payer le billet de train. Le Moineau aimerait revenir à Komsomolsk-sur-l’Amour, mais il n’a pas de passeport. Alors que le manque d’argent empêche Sanya de dormir, le Moineau vit au jour le jour et ne songe qu’à se divertir. Cette insouciance irrite au plus haut point son compagnon et les scènes de ménage se multiplient, le Kid ne supportant pas d’être traité comme un enfant et Sanya se sentant responsable de lui. A Toula, tout n’est pas rose non plus. Au téléphone, Sanya ne cesse de se disputer avec sa femme et sa mère qui ne le croient pas quand il décrit la misère de ses conditions de vie et se plaint de n’être pas payé. Mais entre deux enfers, il faut savoir choisir. (Yann Lardeau)
Andrey Gryazev
Andrey Gryazev
Andrey Gryazev
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