Scales in the Spectrum of Space
Cette symphonie urbaine miniature commandée par les Archives du Film de Chicago et mise en musique par le jazzman Phil Cohran entrelace des extraits de trente films différents, restituant le pouls de la métropole et le dessin de son architecture. L’idée d’un montage chronologique des quelque soixante-dix heures de found footage visionnés est d’emblée balayée ; le temps se fait pulvériser par l’espace – un mouvement vertical qui, de la galaxie, descendrait vers un avion, sur un bateau puis jusqu’à un volcan sous-marin, conférant aux gratte-ciels emblématiques de Chicago une dimension cosmique. Il suffit du regard vers le ciel d’une femme humant les fleurs de son jardin pour faire repartir le mouvement en sens inverse, dans ce poème visuel et sonore purement associatif qui rappelle l’œuvre d’un Bruce Conner. À ce collage pop sur la ville qui en réactualise le rythme à partir de bandes anciennes en 16 mm, Fern Silva a trouvé un titre polysémique : « scales » signifie en effet à la fois « échelles », au sens où le grand et le petit ne cessent sans cesse de dialoguer ici, mais aussi « gamme » en musique et « écailles » – tombées des yeux devant la beauté de ce flux où l’humain (bribes de violence policières, ouvriers sur un échafaudage) est réinscrit dans un mouvement perpétuel beaucoup plus vaste. (Charlotte Garson)
Fern Silva
Fern Silva; Phil Cohran
Fern Silva
Fern Silva