Taurunum Boy
Taurunum était le nom romain de la municipalité de Zemun, aujourd’hui rattachée à Belgrade et très fière de son club de football. Les garçons, eux, sont comme tous les garçons : gueulards, butés, nombreux. Mais ici, où règne la loi des hooligans et à travers eux d’une virilité ancestrale avec laquelle personne n’imagine négocier, ils sont un peu plus garçons encore. C’est-à-dire un peu plus partagés entre les fanfaronnades qu’impose leur imaginaire de caïds, et ce malaise fiévreux qu’ils espèrent cacher sous une apathie surjouée. Taurunum Boy saisit magnifiquement ce double visage des garçons de 13 ou 14 ans, guerriers aux joues roses terrifiés par la vie et d’ailleurs absolument pas prêts pour elle. Dušan Grubin et Jelena Maksimović en ont fait l’objet d’un théâtre à deux échelles. La première, très large, film les lieux (bateau abandonné investi pour des jeux, terrains vagues où trouver quelque chose à détruire, tribunes de foot ou cantine scolaire) comme autant d’arènes, puisque les garçons se voient gladiateurs. Le deuxième, près des visages, est celle des confessions, pressées par l’été qui vient et après quoi plus rien ne sera pareil. Le film alterne ces échelles mais dessine aussi une nette montée en puissance, depuis la fascination acquise d’avance pour cette sociabilité de petits hommes, vers le vibrato éternel des adieux à l’enfance.
Jérôme Momcilovic
Jelena Angelovski
Dušan Grubin
Jakov Munižaba
Jelena Maksimović
Stefan Djurić Rasta
Jelena Angelovski, lenka.angelovski@gmail.com