The Image You Missed

Donal Foreman a rarement vu son père, le documentariste américain d’origine irlandaise Arthur MacCaig, mort en 2008. Quand il ouvre les archives personnelles de ce Parisien d’adoption, c’est donc en cinéaste qu’il fait la rencontre d’un autre cinéaste. The Image You Missed entremêle avec finesse les contradictions affectives de cet homme et son endurante chronique filmée du conflit nord-irlandais. L’écheveau est en réalité plus serré encore, puisque Foreman ajoute au montage des éclats de ses propres films, tournés dès l’âge de 11 ans, des extraits des home movies poétiques de son oncle datant des années 1960 et des images qu’il tourne lui-même en 2016, année où l’Irlande commémore le centenaire de l’Insurrection de Pâques réprimée dans le sang par l’armée britannique. L’immersion dans les films de son père et leurs rushes plonge le fils dans un questionnement à la fois intime et politique : MacCaig filmait par le prisme des nationalistes, et à l’évidence, il identifiait ses ancêtres irlandais à un esprit de résistance irréductible à tout assujettissement. Aussi vit-il son heure de gloire arriver lorsque les autorités britanniques jugèrent que son premier documentaire, The Patriot Game (1979) « port[ait] atteinte à la la Couronne ». Mais The Image You Missed évite l’écueil du biopic pieux. Foreman analyse la façon dont le cinéma de son père glisse « de la guérilla cinématographique au segment télévisé » à mesure que le processus de paix se concrétise – comme si l’image manquante de l’enfant laissé derrière soi générait d’autres manques d’images. (Charlotte Garson)