THE STONE RIVER
Au début du XXe siècle, des carriers de Carrare traversèrent l’Atlantique pour travailler dans les carrières de Barre (Vermont). Mais c’est à une époque un peu plus tardive que s’intéresse The Stone River, film de paroles « déplacées » comme l’ont été des corporations entières d’Européens paupérisés. Dans les années 1930, le gouvernement Roosevelt a lancé une vaste collecte de témoignages oraux et photographiques, document irremplaçable sur l’Amérique de la Dépression dont Steinbeck a nourri Les Raisins de la colère. Devant la caméra de G. Donfrancesco, des résidents de Barre disent les propos transcrits d’habitants d’alors. Filmés dans leur environnement et avec leurs souvenirs, les « Barriens » actuels deviennent le centre d’un étonnant précipité d’Histoire, qu’elle passe par leurs ancêtres ou par le métier qu’ils partagent avec ces inconnus qui vivaient et mouraient de la pierre. Ni récitation ni simulation, cette reviviscence du témoignage culmine dans le chant Brother Can You Spare a Dime, juste distance entre incarnation et citation. Dans les allées de Hope Cemetery, le gardien atteint de silicose qui aurait « dû » mourir à quarante ans comme les autres, vient donner corps pour de bon au passé, portant jusqu’à son terme ce dispositif de brouillage entre ici (l’Amérique) et là-bas (l’Italie), entre vivants et morts, entre pierre et poussière. (Charlotte Garson)
Films du Poisson; Altara Films
Giovanni Donfrancesco
Federico Cavicchioli
Giovanni Donfrancesco
Altara Films