Two Years at Sea
De la neige aux braises – en toute saison, avec de la pellicule noir et blanc 16 mm, Ben Rivers filme en format large le quotidien de Jake, au milieu d’une forêt. Au questionnement sur la cause de son mode de vie se substitue un regard attentif à son affairement de chaque instant, sa concentration sur une tâche. Dans un vaste bric-à-brac où l’idée de maison croule sous l’amoncellement et où l’intérieur et l’extérieur inversent leurs propriétés, l’agencement des objets est l’activité première. Les besoins premiers (faire bouillir de l’eau par grand froid) ne sont pas aussi aisément satisfaits qu’ailleurs. L’étendue de l’ingéniosité de cet homme semble proportionnelle à la délicieuse gratuité sociale de ce qu’il échafaude. À savoir, des dispositifs de sieste expérimentaux : caravane hissée sur les cimes, radeau permettant de dériver les yeux au ciel… La peuplade imaginaire de Slow Action (Cinéma du Réel 2011) n’est finalement pas loin : de part et d’autre, des mondes se bâtissent, les uns pour penser l’avenir au filtre d’un passé nourri de lectures érudites, les autres pour trouver la bonne place d’où rêver.
Ben Rivers
Ben Rivers
Ben Rivers