Venise n’existe pas
« S’il se penchait par la fenêtre, s’il faisait ce mouvement au risque de tomber ou de laisser tomber la caméra, s’il se penchait jusqu’à tomber, il verrait, on verrait, par-delà l’embrasure, les îles habitées, les églises et les palais où les bateaux vont accoster. »
En se concluant sur une carte postale qui reste très longtemps floue – par où le motif de la lettre, conjugué avec la sonnerie du téléphone, renvoie au thème du destinataire –, Venise n’existe pas expose la difficile cristallisation de l’image. Du lit à la fenêtre, de la chambre au voyage, le cinéaste tente de s’approcher d’une image soustraite au regard, différée voire expédiée d’un lieu à l’autre. Le titre manuscrit à la fin du film, Venise n’existe pas, est-il le message au verso de la carte postale vue précédemment ? Et le film lui-même une carte postale forclose ?
(Erik Bullot, L’image dans la fenêtre, pointligneplan.com)
Jean-Claude Rousseau
Jean-Claude Rousseau - jeanclauderousseau@laposte.net