Vostrau Belarus
Deux images : d’un côté l’intronisation du président du Belarus, Alexandre Loukachenko, de l’autre un vieux paysan contemplant son royaume, un village de figurines en bois, “le peuple de bois”, sur lequel il règne en maître absolu. L’investiture présidentielle nous est montrée par le biais du serment de l’armée, mise en scène figée d’un autre temps, héritée de l’empire soviétique, face à un édifice à l’architecture stalinienne pur sucre. Ces deux images relèvent d’un même fantasme, celui d’un despotisme où l’homme ne serait que la marionnette de la volonté du dictateur. Entre ces deux séquences, une procession religieuse avec danses folkloriques, images d’archives en noir et blanc, muettes, où la foule et la convivialité contrastent avec la solitude, la misère et la maladie des anciens dans les campagnes aujourd’hui. Mais pourquoi faut-il, dans ces images d’un bonheur passé, tant d’inquiétude dans le regard des jeunes filles en liesse ? Alliée de la Russie par un traité de 1998, la Biélorussie a la triste réputation d’être “la dernière dictature d’Europe”. à Minsk, les manifestations contre la dictature de Loukachenko sont brutalement réprimées. Les contestataires brandissent haut et fort la Constitution, mais elle ne les protège pas des coups de matraque et des arrestations sommaires. À la source de cet affrontement, Vostrau Belarus pointe un conflit entre une campagne arriérée, sous-développée, aveugle sur ses conditions réelles de vie, soutien du régime, et une société urbaine avide de changement et de liberté, aspirant à vivre avec son époque. Le conflit n’oppose pas seulement la Ville et la Campagne mais aussi des générations. (Yann Lardeau)
Victor Asliuk
Victor Asliuk
Uladzmir Mirashnichenka
Ivan Gancharuk; Anatol Kazazeu
Victor Asliuk