Walden
Walden comporte treize panoramiques à 360° de durées semblables, entre sept et dix minutes. Chacun balaie le paysage de gauche à droite ; leur rythme absolument identique permet de les raccorder les uns aux autres en un même mouvement lent et paisible d’une heure et quarante cinq minutes. S’ils ne sont pas sans prendre un caractère hypnotique, les mouvements de caméra automatisés et uniformes, qui placent Walden aux côtés d’autres gestes structurels radicaux comme ceux de Michael Snow dans La Région centrale (1971) ou de Walter de Maria dans Hardcore (1969), relèvent d’une mécanique de précision inouïe : tout en laissant le temps et la liberté au spectateur d’explorer les signes et les recoins de l’image, ils confèrent également une qualité chorégraphique, soutenue par un montage son élaboré, aux trajets qui entrent dans son champ, en soulignant les incursions imprévues autant que les mouvements qu’elles se destinaient à accompagner : ceux d’un camion ralentissant à l’entrée d’une aire d’autoroute, d’un cargo massif à la sortie d’un port européen, ou d’une pirogue dans les canaux d’une mangrove amazonienne. Car il s’agit bien d’un film narratif, d’une histoire occidentale dont elle adopte d’ailleurs le sens de lecture. Imaginez, pour motiver un trajet d’une forêt autrichienne à une jungle brésilienne, la raison la plus aberrante qui soit : importer du bois – et vous vous ferez une idée de l’humour et de l’éloquence qui habitent le film de Daniel Zimmerman.
Antoine Thirion
Aline Schmid, Adrian Blaser
Gerald Kerkletz
Klaus Kellermann
Bernhard Braunstein
Beauvoir Films, Aline Schmid, info@beauvoirfilms.ch