Wayward Fronds
Un petit tas d’os. Un serpent qui glisse sur la moquette. Une sirène qui, entourée d’un filet, sourit à intervalles réguliers. Un liquide bordeaux qui bouillonne. Tourné à la Bolex 16 millimètres, ce film muet avant son montage mêle des sons pris dans le paysage à d’autres en postproduction. Ainsi le cinéaste au prénom de fougère et au patronyme sylvestre malaxe-t-il une matière documentaire puisée dans la réserve des Everglades, l’immense marécage de Floride. Le vert progresse (c’est le sens de l’expression du titre), l’humidité climatique s’étend aux êtres et à l’atmosphère et s’offre en pâte (science-)fictionnelle. Image et son conspirent à écrire un récit géologique qui voit la nature gagner sur une «civilisation » décrépite : la sirène est-elle échappée d’un parc de loisirs valorisant l’écosystème en le singeant? Pourquoi, dans la verdoyante nature qui l’environne, le seul mur d’une façade décatie est-il affublé d’une peinture murale redondante représentant… des plantes? Chaque plan, voire chaque mouvement à l’intérieur d’un plan, peut requalifier ce que l’œil a vu précédemment – un œil qui ferait mieux de prendre exemple sur celui de l’alligator, enfoui dans sa peau-écorce. Souvent galvaudée dans les écrits sur le documentaire, la notion « d’immersion » se voit ici décapée et rendue d’autant plus menaçante pour un genre humain en voie de submersion. (Charlotte Garson)
Fern Silva
Fern Silva
Fern Silva
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