Aller au contenu

When There Is No More Music To Write, and Other Roman Stories

Éric Baudelaire
2022 France, Italie 59 min
DR
DR

Rome, années de plomb. Aldo Moro est enlevé dans la ferveur des Brigades Rouges. La lutte armée est propulsée vers un cul de sac politique. Alvin Curran, figure mythique de l’Avant-garde musicale, s’emploie à dissoudre la figure de l’auteur dans le collectif. La notion d’instruments est élargie aux objets naturels et du quotidien, produisant des œuvres révolutionnaires.

Sous le long titre du nouveau film d’Éric Baudelaire se cachent trois films, séparés par autant de génériques et de titres (Four Flat Tires, The Lost Score, et When There Is No More Music to Write), pour évoquer la figure du compositeur d’avant-garde Alvin Curran à travers sa relation à Rome, où il s’est installé au milieu des années 1960, et des œuvres qu’il y a produites, au sein notamment du célèbre collectif Musica Elettronica Viva. Mais comme l’indique le sous-titre du dernier de ces films « of about Alvin Curran », le geste ne relève pas moins du portrait que de la collaboration. Celle de Baudelaire avec le compositeur, dont il ne filme jamais la personne mais auquel il emprunte des pensées et des sons ; avec sa monteuse et complice de longue date, Claire Atherton ; et avec Maxime Guitton, chercheur associé au projet depuis ses prémisses, exhumant ici des trésors. Mais collaboration, encore, d’Alvin Curran avec ses compagnons, telle la cinéaste underground Annabella Miscuglio dont Baudelaire intègre plusieurs films ; avec sa ville et son époque, marquée par l’enlèvement d’Aldo Moro et la lutte révolutionnaire. Car c’est en réaction aux discours sur la fin de l’histoire et aux années de plomb qu’Alvin Curran justifie un art musical libéré de la partition au profit de processus collaboratifs et performatifs ; et c’est contre les impasses politiques et la mort du cinéma qu’Éric Baudelaire, en connivence avec l’œuvre qu’il documente, escamote la figure de l’auteur et la prétention de l’art à l’unité. Trois fois, le film se termine et reprend, certain qu’en rejouant la fin, tout pourra recommencer.

Antoine Thirion


Lire l’entretien avec Eric Baudelaire

Production :
Éric Baudelaire, Poulet-Malassis Films
Image :
Éric Baudelaire
Music originale :
Alvin Curran, Musica Elettronica Viva
Montage :
Claire Atherton
Contact copie :
info@pouletmalassis.com

Dans la même section