Yub Menh Bong Keunh Oun Nho Nhim
Il reste quelques temps à ses habitants pour débarrasser et quitter le White building, l’un des derniers bâtiments modernistes de Phnom Penh, réinvesti par une communauté d’artistes et leurs familles, après avoir été déserté en avril 1975 lors de la prise du pouvoir par les Khmers Rouges et la déportation des habitants de la capitale. Récemment, le bâtiment a été racheté par une compagnie japonaise, soutenue par le gouvernement cambodgien. Les étagères se vident, les murs tombent. Derrière les armoires qu’on emporte, les fresques peintes aux murs témoignent d’une longue histoire collective. Quand l’évacuation résonne dangereusement pour certains avec les manières de faire du régime de Pol Pot, on se demande où est le collectif, où est passée la force de lutter. Dans les couloirs, dans les regards, dans leur manière d’habiter le lieu, pourtant, elle est partout. Malgré le mouvement de départ, le film révèle une communauté soudée. Les discussions dans les halls, la façon d’investir les espaces communs ne trompent pas, une histoire de groupe et de partage est inscrite ici. Le film enregistre un démantèlement et construit un souvenir. Le cinéaste, que le White building a vu grandir, suit sa famille et ceux qui les ont accompagnés pendant qu’ils débarrassent les lieux, se remémorent et se racontent. On retrouve des photos, on emporte fenêtres et portes, fragments de ce qui aura permis de circuler et de faire lien. Tout se dissipe, le cinéaste tient ferme jusqu’à ce que la poussière ait rendu l’air irrespirable et que les panneaux de bois aient bouché les ouvertures pour empêcher l’arrivée de nouveaux exclus.
Clémence Arrivé
Davy Chou (Anti-Archive), Daniel Mattes (Anti-Archive), Marine Arrighi de Casanova (Apsara Films)
Kavich Neang
Vincent Villa
Félix Rehm
Vincent Villa
Anti-Archive, daniel.mattes@antiarchive.com