ZI HUA XIANG: 47 GONG LI TIAO WU
Après Self-portrait at km 47 (Cinéma du réel 2012), Zhang Mengqi poursuit sa contribution au Folk Memory Project, interrogeant sans relâche les survivants à la famine de 1959-61 dans son village de « 47 kilomètres » (à 47 km de Suizhou, dans le Hebei). Méfiance, crainte de critiquer le Parti communiste… Ce n’est pas un hasard si ce sont des aboiements de chien qui l’accueillent au début du film. Mais sa persévérance se remarque aussi d’emblée : elle tient à distance l’animal en aboyant elle-même de plus belle. Cette fois, sa collecte a une fonction concrète : édifier une stèle commémorative. D’où ses questions sur les noms des témoins et des morts, les dates – une recherche presque impossible tant les souvenirs paraissent fragmentaires. Son souci de faire ressurgir une histoire refoulée l’amène aussi à se confronter au dénuement bien présent : taudis éclairé par une faible lampe au diesel, étiolement à bas bruit d’une communauté qui hésite à célébrer ceux qui, morts d’indigestion après un bol de riz providentiel ou parce qu’on leur a refusé de fouiller les poubelles, « ne sont pas des héros, ils n’ont rien fait de grand », dit un vieillard. De la chorégraphie à la photographie, l’installation villageoise de Zhang affirme que la mémoire n’est pas réservée aux « héros ». (Charlotte Garson)
Mengqi Zhang, Caochangdi Workstation
Mengqi Zhang
Mengqi Zhang