Dans l’œil du chien
Dans l’œil du chien
Jacqueline, sur son canapé, chasse les mouches. Le son d’une pendule martèle le rythme des secondes qui passent. Dans un miroir, la vieille dame inspecte son visage. Le temps s’écoule dans la lenteur du quotidien. Pourtant, bien vite, nous comprenons que ce temps est compté. Un large pansement vient remplacer l’épaisseur de son nez. Sous nos yeux, la vieille dame commence à disparaitre.
Ce portrait est aussi celui d’une relation d’amour, entre une grand-mère et sa petite fille. Sans cela, comment filmer une telle intimité ? Si Jacqueline est toujours au centre des cadrages, la réalisatrice, Laure Portier, traverse les plans. Alors le spectateur assiste à ces derniers moments de partage, si singuliers et si communs à la fois. L’angoisse de l’ouverture des lettres médicales. Les confusions lors de la prise des médicaments. La petite-fille qui aujourd’hui douche sa grand-mère. Les dernières questions sur l’histoire de la famille. Et les derniers débroussaillages du jardin.
Ce film capte aussi les moments de partage. Lorsqu’à son tour Jacqueline tire le portrait de Laure, ou lorsqu’elle lui transmet l’une de ses recettes. Puis, vient le temps des insomnies et des silences réciproques. Impuissants, les mots laissent doucement place aux gestes. Jusqu’aux derniers instants, où les mains se caressent et se serrent.
Dans ces cadres fixes, ce sont ces gestes captés qui figurent le temps qui se déploie sous nos yeux. Lentement, et trop vite à la fois.
–Lucile Irigoyen
Réalisé par Laure Portier
Prochaine projection le jeudi 21 mars à 16h10