Una Corriente Salvaje de Nuria Ibáñez Castañeda
C’est l’histoire de deux pêcheurs, Chilo et Omar, qui semblent être les derniers hommes sur terre. Le film se déroule en « huis clos » sur une plage désertique, quelque part en Californie. Le jour, les deux amis pêchent pour survivre. Le soir, ils discutent et philosophent. Les thèmes de leur discussions sont universels : la nature, la musique, la peur, la vie après la mort, le deuil… Ils semblent coupés du monde extérieur et pourtant si proche de l’essence de la vie. Dans leur échanges les deux amis recréent leur propre monde, dans lequel le spectateur se sent tout de suite à son aise. Au fil du film et de cette « bromance » presque romantique, se dessinent les contours de leur amitié. Le résultat est un portrait captivant de l’homme et de la condition humaine.
Chilo et Omar mènent une forme de vie sauvage rythmée par la pêche. Ils se promènent le long de la plage, se baigne pour profiter du coucher du soleil. Ils s’aident, s’écoutent, chantent, s’amusent ensemble. Deux êtres libres, avec l’innocence de deux enfants.
On ne sait finalement que peu de choses d’eux, de leur passé. Le film ne laisse entrevoir que de petits fragments de vie. Chilo, l’aîné, s’ennuie de voir toujours le même paysage, et Omar, de vivre parmi des gens malhonnêtes. Chilo est le plus critique des deux : pour lui, les gens sont tous des hypocrites. Sa vie antérieure ne semblait plus lui convenir. Ce choix de vie semble alors être un refuge, hors d’un monde auquel il ne s’adaptait plus.
Dans cet environnement paisible et paradisiaque, l’histoire qui se construit entre les deux hommes, faites d’histoires et de complicité est touchante et captivante car la réalisatrice a choisi de les filmer de près, avec bienveillance, la caméra toujours placée entre les deux, comme pour inclure le spectateur dans les discussions, dans leur quotidien, en immersion dans la nature, qui compose un fond sonore présent tout au long du film. Une musicalité du réel à l’origine d’un film poétique, d’une justesse précieuse. Mais la réalité nous rattrape toujours, et le film rappelle que toutes les belles histoires ont une fin.
Joséphine Van Glabeke