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Salesse de Geoffrey Chambord

Le film, tourné au format 4/3, s’ouvre sur une maison de campagne qui pourrait être une photo de Raymond Depardon. Dans la même lignée, Geoffrey Chambord signe un film minimaliste, proposant l’expérience pure de l’observation d’une activité paysanne, qu’il esthétise afin d’y sensibiliser le spectateur. En effet, le cadre est toujours très composé, utilisant par exemple la géométrie des maisons, et incluant le paysan, toujours seul et au travail, au milieu de ces paysages. La bande sonore, entièrement constituée de sons naturels, participe à éveiller les sens du spectateur : des chants d’oiseaux, des insectes, le bruit des feuilles, des pas dans l’herbe… et le paysan qui se parle à lui-même. Sa corvée ne paraît pas si solitaire tant il s’exprime, râlant tout du long, certainement au sujet de la nature qui l’entoure, mais sans qu’une seule phrase ne soit pour autant compréhensible ou destinée au cinéaste qui s’efface complètement derrière sa caméra. Ce n’est pas ce qu’il dit qui compte, mais véritablement l’observation de cette activité à laquelle il est consacré. Le paysan ne sera pas plus distrait par la caméra que par le passage d’un train, qui sera la seule marque d’une autre présence humaine à l’image, et que le cinéaste décide de conserver, comme un rappel à la vie moderne, contrastant avec les activités manuelles du vieux paysan.

Anna Mezencev

  • Projection vendredi 22 à 13h