Les Îles resonnantes
Ce regard intime sur Éliane Radigue, pionnière française de la musique minimaliste et électroacoustique, explore la singularité sensorielle de sa « sculpture sonore » et ses vertus méditatives.
Plongeant sans voix off dans le travail d’Éliane Radigue, pionnière en France de la musique minimaliste et électroacoustique, la cinéaste invite chacun de nous à une expérience sonore corporelle et spirituelle. Les premiers sons pourraient être ceux d’un orchestre qui accorde ses instruments ; mais cette indécision de départ sert de passerelle vers la concentration à la fois requise et produite par les compositions. S’il montre une violoniste et une violoncelliste répétant avec Éliane Radigue, le film ne se réduit pas à un documentaire sur la création. Il affute nos oreilles. « Liberté de se laisser envahir, submerger par un flot sonore continu dans lequel l’acuité perceptive s’affine en la découverte de quelques micro-battements, là derrière, pulsations, souffle », selon les mots de la compositrice, dont l’extrême capacité d’écoute transparaît dans un magnifique insert sur son regard. Le dispositif du film génère les images mentales que la musique a vocation à susciter, proposant avec les moyens propres du cinéma des paysages sonores. Dans le sillage de l’influence bouddhiste déclarée de Radigue, il se propose d’atteindre « une conscience d’elle-même sans cerveau, comme un flux qui continue au-delà du corps » – « conscience subtile » qui requiert impérativement une vision en salle. (Charlotte Garson)
Daniel Correia; Juruna Mallon
Juruna Mallon
Juruna Mallon
Daniel Correia