Je ne me souviens de rien
« Décembre 2010 : la révolution éclate en Tunisie, le pays d’origine de mon père. Souffrant du trouble bipolaire, je traverse au même moment un épisode maniaque d’une telle intensité qu’il me laisse presque entièrement amnésique. »
« Décembre 2010 : la révolution éclate en Tunisie, le pays d’origine de mon père. Les cris de fureur du peuple tunisien rejoignent d’une étrange manière ceux qui se déversent en moi depuis quelques semaines. Souffrant du trouble bipolaire, je traverse au même moment un épisode maniaque d’une telle intensité qu’il me laisse presque entièrement amnésique. » Je ne me souviens de rien, désigné par son auteure comme « un film de found footage, un film d’archives », travaille contre son titre : même pendant la période inaccessible à sa mémoire, Diane Sara Bouzgarrou filmait, dessinait, prenait des photos. Toute honte bue, elle doit donner forme à ce matériel et sens à l’événement – pourtant la reconstitution est d’emblée frappée d’un soupçon volontariste. « Bipolaire, bisexuelle, binationale », se définit fièrement la cinéaste en phase maniaque, avec un désir d’ubiquité qui peut inquiéter. Mais cette chronique de la vie d’une personne bipolaire ne livre pas seulement un autoportrait troué. Ses moments les plus poignants concernent le rôle délicat de son entourage, parents ou compagnon cherchant sans relâche la bonne distance : « J’espère que t’es pas trop heureuse ! » À celle qu’ils aiment et qui leur demande de raconter ce qu’elle a oublié, ils livrent des bribes de récit dont la modestie factuelle cache une épopée émotionnelle. (Charlotte Garson)
Guillaume Massart; Mehdi Benallal; Thomas Jenkoe
Irène Oger; DOCKS 66
Agnès Bruckert
Diane Sara Bouzgarrou
Diane Sara Bouzgarrou