La Plume du peintre
Antoine, cinq ans, passe un week-end sur deux chez son père – un temps réduit qui rend la transmission plus urgente. Des devoirs à la partie de chasse en forêt, chronique d’une incessante initiation.
Antoine a 5 ans lorsque le film commence. Au gré des week-ends passés chez son père, à la campagne, c’est d’abord à leur relation que l’on s’intéresse : la posture à la fois rude et aidante que l’homme adopte avec lui, l’équilibre entre instruction et éducation qu’il trouve, révélateur de sa conception de la paternité et de la virilité. Le plein air semble pour lui une école à ciel ouvert, où transmettre ses connaissances zoologiques et botaniques ; la chasse permet la conjuration des peurs de l’enfance, la compréhension du cycle de vie et de mort et le contrôle de sa propre violence (« – Si j’vois un oiseau j’le défonce ! – Ça se défonce pas, un oiseau. »). Moins présent que la cour, la route et la forêt, l’espace domestique résonne de l’impératif scolaire – comment réconcilier les deux apprentissages ? Il y a bien une tentative, alors que père et fils cheminent dans la neige, de lire les panneaux au bord de la route pour s’entraîner à déchiffrer… Agile et endurante, Marie Ka filme et prend le son elle-même, et son beau portrait d’enfance, fruit d’un suivi sur plusieurs mois, se garde de tout jugement. Le montage se contente de recueillir un mouvement à la fois imperceptible et joyeux : l’amoindrissement progressif du rôle du père à mesure que les découvertes, les pêches et les moments d’ennui se vivent avec les copains. (Charlotte Garson)
Marie-Odile Gazin
Qutaiba Barhamji
Marie Ka
Marie Ka