Postcards from the Verge
Tendu entre la majesté paysagère de plans larges en noir et blanc et l’impureté de son univers sonore composite, Postcards from the Verge se révèle à mesure de ses cinq chapitres comme une étude à la fois sensible et abstraite du mur et du conflit israélo-palestiniens.
Parti en Israël pour la première fois, Sebastian Mez a décidé d’y rester des semaines au lieu des quatre jours prévus tant les paysages lui évoquent des récits, l’encourageant à filmer. Les cinq chapitres du film, si le titre les désigne comme des cartes postales, sont tout sauf des chromos : à la lueur orange du prologue succède un noir et blanc très travaillé. La splendeur photographique du premier segment, « Au-delà des montagnes », est rapidement infléchie, comme chargée, par la présence massive d’un tank. Dans « Entre », le deuxième chapitre, le mur fait son apparition à mesure que le film s’approche de Jérusalem. Tendu entre la majesté paysagère de plans d’ensemble fixes et l’impureté des formats variés ou de la bande-son composite, Postcards from the Verge intègre de plus en plus à sa forme la division omniprésente : d’abord dans le récit d’un jeune Palestinien qui, repéré parce qu’il franchissait souvent les checkpoints, s’est vu proposer par les Israéliens de devenir informateur, puis par un détail, des douilles fichées dans le grillage d’un terrain où jouent des écoliers palestiniens. Pour finir, c’est le cadre cinématographique lui-même qui se scinde dans cette étude à la fois sensible et abstraite du conflit israélo-palestinien. (Charlotte Garson)
Sebastian Mez
Sebastian Mez
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