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Ejercicios de memoria

Memory Exercises
Exercices de mémoire
Paz Encina
2016 Paraguay; Argentine; France; Allemagne; Qatar 70 minutes Espagnol
DR
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À partir d’entretiens avec les trois enfants d’Agustín Goiburú, opposant au régime dictatorial « disparu » en 1976, Paz Encina restitue la singularité d’une enfance clandestine en même temps que le refoulé historique du Paraguay.


Le Paraguay, où Paz Encina a grandi jusqu’à ses 18 ans, a connu la plus longue dictature d’Amérique latine, de 1954 à 1989. Déjà en 1998, la cinéaste, dont le père était lui-même opposant au régime, avait entrepris de recueillir le témoignage de la veuve du dissident le plus célèbre du régime Stroessner, Agustín Goiburú, disparu en 1976. Ce n’est qu’en 2012, avec la maturité nécessaire à cet ambitieux « exercice de mémoire », qu’elle est revenue sur les lieux des exils successifs de la femme et des enfants du dirigeant du Movimiento Popular Colorado, le parti de résistance. « Et au milieu de cela l’enfance, ferment de tout. » Mêlant ses propres souvenirs d’enfance en voix off avec des témoignages rejoués, Encina tisse un canevas mémoriel riche et complexe qui ne se laisse jamais enfermer dans le passé historique. Son évocation de l’enfance et de son lien à la nature – forêt, rivière, rapport aux animaux, lenteur du temps qui passe dans la lumière de l’après-midi – invite à une réflexion sur la texture même du souvenir forgé à cet âge, la façon dont il s’attache parfois à un détail. Au début du film, une table dressée, comme désertée par une famille fugitive, semble attendre à jamais la fin du repas. Cette belle nature morte condense sans présence humaine la violence de l’exil, que des témoignages précis des Goiburú viennent corroborer. Mais son calme porte aussi l’étrange sérénité qui parcourt le film, alliant l’indifférence de la nature alentour à la suggestion d’une résilience enfantine. (Charlotte Garson)

Production :
Constanza Sanz Palacios; Marie-Pierre Macia; Rawane Nassif; Paz Encina; Paulo De Carvalho
Montage :
María Astraukas
Son :
Guido Berenblum
Photo :
Matías Mesa

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