Aller au contenu

Angkar

Neary Adeline Hay
2018 France 71 minutes Français; khmer

« C’était le chaos. Il n’y avait plus de pièces d’identité, plus de justice, plus de médecins, plus de titres de propriété, plus d’intellectuels, plus de monnaie, plus de mémoire… » La réalisatrice, née de l’union forcée de ses parents dans un village de détention au Cambodge, emboîte le pas à son père Khonsaly, de retour à Ta Seng, où il fut déporté pendant le génocide perpétré par les Khmers rouges. Neary Adeline Hay montre combien son retour au pays après 30 ans d’exil relève d’un chemin de résilience, dans une campagne où, citadin, il fut forcé de vivre quatre ans durant. Malgré la douceur de travellings au steadycam et celle des voix off de la fille et du père, c’est vers des conversations avec ses anciens tortionnaires et geôliers que la caméra le suit : ils sont âgés mais vivants et sont restés au village. Mais Khonsaly dialogue en évitant la confrontation. Son écoute est presque héroïque, face à la précision horrible des exactions rapportées par des criminels soucieux d’en rejeter la responsabilité sur le seul régime ou de se faire passer pour des victimes. On comprend qu’il l’endure pour trois générations : la sienne que, « survivant parmi des milliers de morts », il se doit de représenter ; celle des adolescents du village qui ont grandi dans l’insouciance, « sans savoir qui sont leurs parents et leurs grands-parents » ; mais aussi, dans le geste de transmission qui donne sa nécessité au film, la génération de sa fille, destinataire d’une parole enfin libérée. (Charlotte Garson)

Production :
The cup of tea, To Be Continued
Image :
Neary Adeline Hay
Son :
Neary Adeline Hay, Paul Jousselin
Montage :
Manon Falise
Musique originale :
Mathias Durand
Contact copie :
the cup of tea • email a.reulat@thecupoftea.fr

Dans la même section