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Beynimdəki Mismarlar

NAILS IN MY BRAIN
Hilal Baydarov
2019 Azerbaïdjan 80 min Azéri

Les errances d’un jeune homme dans les ruines de ce qui est – peut-être – la maison de son enfance, où chaque porte délabrée ouvre sur le passé. Quelle qu’ait pu être sa volonté de changer, il retourne toujours vers les mêmes endroits, les mêmes questions, les mêmes visages, les mêmes souvenirs – les mêmes clous plantés dans son cerveau.

S’il faut rentrer à la maison, s’il faut retrouver avec fatalité et délice le paysage d’enfance, c’est qu’il est vain de chercher ailleurs la trace du temps. Cette leçon (« la maison, c’est quand on sent le temps », entendait-on dans When the Persimmons Grew, deuxième et précédent volet d’une trilogie dont le nom, Katex, est celui du village d’enfance d’Hilal Baydarov), Nails in my brain en radicalise la portée – douloureusement, sublimement. La mère, qui était au centre des deux premiers films, n’apparaît plus, sinon le temps d’un plan qui suffit à en faire une icône. En vérité elle est partout, puisque c’est elle qui a choisi cette Gnossienne de Satie, la plus célèbre, qui coule sur le film comme une interminable averse. Reste que Baydarov est seul ici à l’image, seul dans le paysage, seul dans Satie et dans le temps qui le torture. Ici, où une horloge et une cloche funèbre occupent le peu de silence laissé par la Gnossienne, le temps est une machine qui vous plante des clous dans le cerveau à chaque endroit de souvenir, et quand la pointe touche le souvenir, le cerveau crache des rubans insensés de paroles, sept chapitres de paroles comme un cantique ivre adressé à l’art, aux visages, à l’enfance, à la souffrance dont Dieu a rempli les hommes pour les rendre beaux, tout cela jeté en désordre parmi les ruines et la neige de Katex, mais recueilli toujours, in extremis, par l’admirable composition des images. Sur une diagonale improbable entre le cinéma-maison d’Alain Cavalier et les élégies d’Artur Aristakysian, Nails in my brain célèbre les efforts grandioses de l’oeil, quand il lui faut braver les tempêtes de l’esprit.

Jérôme Momcilovic

Hilal Baydarov

Fasciné par le mystère des gestes, Baydarov filme les corps de ses proches comme une sorte de chorégraphie sublime du quotidien. Il donne ainsi à voir l’intimité dans laquelle il se confronte au sentiment déchirant d’avoir abandonné sa maison, sa famille et la terre où il a grandi. Baydarov livre ainsi sa version du retour aux racines, le temps suspendu d’un été au village. (Elena López Riera, Visions du réel)

Production :
Hilal Baydarov (Ucqar Film)
Image, son, montage :
Hilal Baydarov
Contact copie :
Hilal Baydarov

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