Brisseau, 251 rue Marcadet
Laurent Achard et son équipe ont choisi de faire parler Jean Claude Brisseau chez lui, dans sa salle à manger garnie d’ouvrages, le laissant évoquer à bâtons rompus sa passion de jeunesse pour les salles obscures, ses goûts et déceptions cinématographiques, ses aspirations et ses révoltes. Quand Laurent Achard lui propose de le filmer pour Cinéma de notre temps, Jean-Claude Brisseau délimite un territoire précis, qui est le sien : sa maison, sa parole. Parce qu’il est de ces cinéastes qui convoquent le cinéma chez eux – il tourne et monte chez lui, y a bâti une salle de cinéma, y possède des milliers de films sur tous les supports possibles – et de ces cinéastes qui parlent de cinéma, à toute heure, en toute circonstance. En s’installant « chez Brisseau », comment ne pas se soumettre au film d’entretien, comment rester sur ce territoire tout en y créant un autre espace, comme une enclave, et un autre temps que celui du discours brissaldien ? Laurent Achard invente alors un dispositif où la parole n’est que l’une des matières de ce film de conversation : le temps se suspend, les fantômes se croisent, les verres dansent en un ballet burlesque, les chats furtifs traversent le plan, le cinéma se loge où l’on ne l’attend pas et soudain la maison contient le monde, la scène inclut les coulisses, l’unité de lieu et de temps multiplie les visions et Achard brosse le portrait drôle et fin d’un cinéaste de notre temps, Jean-Claude Brisseau. –Gaël Teicher (Entrevues Belfort, 2018)
La Traverse
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