Cet endroit c’est l’Iran
Iran, 12 juin 2009. Dénonçant des fraudes massives aux élections présidentielles, de nombreux Iraniens descendent dans la rue. La répression s’abat violemment : expulsion des médias étrangers, chasse aux journalistes, vagues massives d’arrestations… Mais la censure échoue à étouffer la clameur des manifestations, les cris d’ “À bas le dictateur”. Aux caméra manquantes des médias étrangers, aux contrevérités de la télévision officielle, se substitue le regard propre des manifestants et des opposants à Ahmadinejad : images prises avec des téléphones portables, des appareils photos, depuis la rue, avec les manifestants, ou des balcons : images tremblées, floues, pâteuses, de rassemblements, de charges de la police et de contre-charges de manifestants, d’arrestations, de tirs à balles réelles, de blessés, d’assauts de voltigeurs et de bassidjis, les milices des Gardiens de la Révolution. Cet endroit, c’est l’Iran est un montage de séquences diffusées sur Internet, devenu l’unique source d’information pour le monde. Un témoignage brut donc. Mais en même temps plus qu’un témoignage : la réflexion à vif sur une guerre des images qui se met en place, vitale pour les deux côtés, le régime comme les opposants. Aux images clandestines des émeutes s’oppose une voix sans image, une conférence du Renseignement expliquant l’importance, pour le futur, de toute collecte d’images des contestataires et la nécessité de s’immiscer à l’intérieur même des manifestations : « Monter des stratégies, encercler, contrôler et piéger, voilà le métier des Services de Renseignements. » (Yann Lardeau)