Aller au contenu

Dear Hacker

Alice Lenay
2021 France 60 min
© LLUM, Don Quichotte Films
© LLUM, Don Quichotte Films
© LLUM, Don Quichotte Films

La diode de ma webcam s’est mise à clignoter sans raison. Est-il possible qu’un observateur, un hacker, une amie ou un fantôme soit en ce moment logé dans l’objectif ? Je me lance dans une série d’appels visiophoniques pour découvrir ce que me veut cette entité insaisissable.

La diode verte de la webcam d’Alice Lenay s’est mise à clignoter. Peut-être qu’une présence l’observe ? C’est à la fois l’hypothèse de départ et le désir ambigu que semble porter la cinéaste de Dear Hacker. L’enquête sur l’identité de ce cher hacker sera vite mise de côté et glissera vers l’examen de ce désir. Elle convoque pour cela des camarades à des conversations visiophoniques troubles, saccadées mais éclairantes. Qu’est-ce qu’Alice recherche vraiment ? Quelle forme de compagnie ? Les interrogations techniques laissent place à des explorations plus sensibles dont émanent des croyances en des bugs possessifs et la rencontre du fantôme que l’on peut être à soi-même. Dans ces interactions « à distance », ne suis-je qu’une image ou encore un corps ? Est-ce que je suis dans ta chambre ou dans la mienne ? Est-ce que je peux te toucher ? Les interlocuteurs d’Alice, parfois désabusés mais minutieusement connectés, persistent. Sur leurs écrans s’affichent les surplus de leurs discussions, des rivières de résidus comme des traces de leurs rencontres que seuls certains savent voir.  Où en est la diode verte de leurs relations ? Qui donner à voir aux autres ? Quels signaux envoyer ? Si quelqu’un nous tient toujours à l’œil, ce qui serait rassurant, ce serait plutôt que quelqu’un tienne toujours à nous. Partageant à ses complices son message personnel, la cinéaste devient elle-même une présence, hackeuse en rappel, réveillant les petites lumières des uns et des autres. Une ombre tendre qui manipule son image et les leurs par une maîtrise discrète d’un cinéma prenant contrôle d’apparitions et de rencontres instables.

Clémence Arrivé

Lire l’entretien avec la réalisatrice sur le blog Mediapart de Cinéma du réel

Production :
LLUM, Don Quichotte Films
Montage :
Théophile Gay-Mazas
Mixage :
Flavia Cordey
Étalonnage :
Raimon Gaffier

Dans la même section