DÉFENSE D’AIMER
« Il y a 85 pour cent de musulmans en Egypte, pourquoi tu choisis dans les 15 pour cent de chrétiens ? ». La question – relativement rhétorique puisqu’elle se requalifierait facilement en injonction – se complique lorsque la mère de May El Hossamy lui rappelle qu’elle-même, chrétienne à l’origine, s’est convertie à l’islam « pour que [ses enfants] ne soient pas perturbés ». Dans Défense d’aimer, la nécessité de la réalisatrice de convaincre sa mère et la société égyptienne dans son entier de la légitimité de son amour la pousse à se poster face à ses contradicteurs, avec la question de l’enfant : pourquoi ? Bientôt, comme dans un conte des mille et une nuits, les réponses s’enchâssent, le vieux sage musulman renvoie à l’imam « si tu veux en savoir plus », arguments et arguties se superposent à une domination masculine non plus nationale ni même religieuse, mais universelle. Seul interlocuteur qui reste : l’homme aimé. Et la possibilité, enfin, d’entrer soi-même dans l’image en abandonnant le champ-contrechamp – meilleure riposte, en un acte simplissime de mise en scène, à la défense d’aimer. (Charlotte Garson)
SEMAT, Ateliers Varan
Hagar Hamdy
May El Hossamy
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