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Désir d’une île

Laetitia Farkas
2021 France 80 min

Quelque part dans les Landes, au bord d’une forêt de pins qui fait face à l’océan, se cache un camp de vacances créé par des russes blancs il y a plus de soixante-dix ans. Dans ce royaume d’été on trouve des enfants, des animaux, des cabanes en bois, des babouchkas et des tissus à fleurs. Des générations qui vivent entre elles et qui grandissent ensemble.  Et aussi un vieux monsieur qui va mourir, un fils qui veut partir et un enfant qui les regarde.

Ce n’est pas tout à fait une île, mais on y entre bel et bien comme dans un territoire solitaire, sauvage et édénique, habité par des naufragés. Le paysage est français, il est sis dans les Landes et fait pour y vivre l’été, bercé par le chœur des cigales et le vent qui siffle dans les pins. Mais l’âme du lieu, elle, est slave : le camp Orel, à quelques kilomètres de Bayonne, a été fondé il y a plus de soixante-dix ans par une famille de Russes blancs, pour y faire survivre là, d’une génération l’autre, leur culture menacée par l’exil. Cela, le film ne prend pas la peine de l’expliquer, soucieux surtout de respirer l’atmosphère de ce pays minuscule fleuri sur les souvenirs d’un autre, la lumière d’été caressant les cheveux blonds des enfants, la rumeur des voix où le russe se mélange au français, les vagues de l’océan tout proche et pareilles à celles de la mémoire qui va et vient, entre le camp français et ce pays d’origine si loin dans l’espace et dans le temps. Ces vagues, dont Désir d’une île saisit l’ondoiement dans un ralenti méditatif, sont l’image même du temps suspendu qui règne ici. Pour Nikita, qui a l’âge où les rêves poussent loin du territoire d’enfance, elles sont une promesse de départ. Une compétition de surf l’appelle au pays de ses aïeuls. Son père, sa mère, ont peur : et s’il n’en revenait pas ? Et si la Russie d’aujourd’hui refermait sur lui le piège dont les aînés, autrefois, ont su s’échapper ?

Jérôme Momcilovic

Lire l’entretien avec la réalisatrice sur le blog Mediapart de Cinéma du réel

Production :
Kepler22 Productions (Juliette Cazanave)
Image, son :
Laetitia Farkas, Maxime Francart
Montage :
Marie Da Costa
Musique originale :
Nihil Bordures

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