Dom Boraca
Ce bâtiment moderniste dont les grandes baies vitrées laissent apercevoir les montagnes pourrait être une université. Mais il n’y a sur ce site pas me qui vive, en apparence, à tel point qu’au début, les plans fixes d’Ivan Ramljak semblent se figer en pures photographies. Et pour cause : construit en 1974 par les autorités communistes, le « Mémorial des Résistants de la seconde guerre mondiale et de la Jeunesse de Yougoslavie » a été fermé en 1991, soit 11 ans après la mort de Tito, né précisément dans le village de Kumrovec où est érigé ce « Dom Boraca », en Croatie, près de la frontière slovène. Piscine vide, matelas nus : une poésie des ruines pourrait émaner des lieux, et pourtant, à mesure que le film avance, les présences humaines qui s’y révèlent n’ont rien de romantique. Essais micro, déménagement de plantes vertes, veille d’un gardien qui, planté devant un film diffusé à la télévision, ne semble garder que le vide, rayons encore fournis d’une bibliothèque déserte… Ces présences sont-elles des visiteurs, des communistes invétérés, d’anciens « jeunes » que célèbre le titre du monument (à lui seul chef-d’œuvre de propagande), du personnel d’entretien, des fantômes, des acteurs ? La précision clinique des cadrages, épousant l’élégance architecturale, creuse le mystère, contribuant à un discret effet Shining de la politique mort-vivante, entre ces murs. (Charlotte Garson)
Academy of Dramatic Art in Zagreb, Restart (coproduction)
Jurica Marković
Borna Buljević (sound design), Emma Teur, Hrvoje Radnić, Sunčica Ana Veldić, Tihomir Vrbanec, Leo Vidmar
Ivor Šonje
Tibor Keser