Dongeng kancil tentang (untuk) Kemerdekaan

Dans ce documentaire pour la télévision japonaise, Garin Nugroho s’attache aux pas de Kancil, enfant des rues de Yogjakarta, qui sera l’interprète de son propre rôle dans Daun di atas bantal (Feuille sur un oreiller), ainsi que Sugeng, et deux de leurs amis, qui ont entre 9 et 13 ans. Leur vie s’ordonne autour de la rue Malioboro, autrefois lieu d’une bataille entre Japonais et Néerlandais. Ils ramassent les restes des passagers de train, volent les vêtements qui leur manquent dans les pressings, sniffent de la colle, boivent. Ils savent lustrer les chaussures, et chanter dans les bus. La vision de liberté que Kancil exprime, et qui conduira le réalisateur à  sa recherche trois ans plus tard, contraste avec le déni d’existence que l’autorité leur inflige. Cinquante ans après l’indépendance, le film se veut aussi mesure de la distance entre promesses et réalité. « En tant que réalisateur, j’aurais pu choisir de célébrer les 50 ans de l’indépendance en chantant l’économie en plein essor du pays. Mais j’ai choisi d’explorer des aspects négligés de notre vie, comme la tragédie des enfants des rues. Si nous ignorons les problèmes que notre pays laisse irrésolus, comment pourrons-nous faire avancer notre société ? » (Garin Nugroho)