Du zi cun zai
Filmant l’existence solitaire de tout un voisinage, le cinéaste se rapproche en cercles concentriques de sa propre angoisse, entre inertie morbide et tentation ascétique.
Un vieil homme puise de l’eau et remonte à grand peine ses seaux sur une rue pentue, deux petites filles passent ; une vieille femme descend prudemment la pente, cette fois enneigée. Bientôt, ces esquisses cèdent le pas à d’autres, prises de plus près, en contrebas. Les allées et venues du dehors sont cette fois-ci marquées par l’intimité questionnante du cinéaste, dont les phrases à la première personne, en surimpression, égrènent les doutes. L’étrange sérénité qui émane des fenêtres où ses voisins vaquent rétrécit encore le point de vue, à mesure que les doutes du filmeur l’envahissent : « Je répète les mêmes vieux mouvements. Tout ce que je veux, c’est ne plus rien sentir… » Vide existentiel et aridité créatrice transforment le cinéaste en un gisant paralysé chez lui par son solipsisme. Il va devoir trouver une façon de filmer « les autres » sans pour autant se cacher derrière eux. Comment représenter la circulation quotidienne des habitants, la vie au-dehors, le temps qui passe dans le paysage, d’un regard enfin investi ? Le documentaire sort revigoré de cette méditation métaphysique. Elle remet en question la prétention du cinéma du réel à restituer la vie alors que trop souvent, elle la fige en lettre morte. (Charlotte Garson)
Rong FAN; Dan JI; Yi Cui
SHA Qing
SHA Qing
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