Duelo
Dans les montagnes cubaines de la Sierra Maestra, Yoan, 17 ans, ne trouve plus le repos. Conseillé par sa mère, elle-même agitée par des transes depuis l’adolescence, il lutte contre d’invisibles démons.
Dans les montagnes cubaines de la Sierra Maestra, Yoan, 17 ans, ne trouve plus le repos. Conseillé par sa mère, elle-même agitée par des transes depuis l’adolescence, il lutte contre ce qui est peut-être l’esprit de son défunt père. Nourris de l’expérience passée d’Alejandro Alonso (dont la grand-mère, prêtresse Santeria, avait noué avec lui une relation semblable) et de ses précédents courts métrages sur les rituels d’invocation des morts, le cadrage et le montage de Duelo s’ancrent cependant dans une matérialité immédiate, qui entre en tension avec le spiritualisme : les mains du garçon vibrant sous la scie électrique lorsqu’il coupe une planche, le bourdonnement d’un insecte, la pluie, le regard d’un chat… La puissance de restitution du sensible nourrit le silence, l’en-deçà des mots qui relie Yoan et sa mère. Pourtant un autre récit se déroule, qui n’est pas seulement celui d’un désenvoûtement : en taillant une grande croix dans un morceau de jungle, en maintenant des postures qui relèvent autant de l’ascèse sportive que de la prière, le jeune homme apprend aussi à grandir dans la lutte. Teen movie à bas bruit, le film rend ce duel initiatique. Le shadow boxing de Yoan, s’il conjure dans l’air des esprits invisibles, est après tout l’expression d’une révolte plus commune – le démon, n’est-ce pas aussi l’entrave du passé familial ? (Charlotte Garson)
EICTV; Alejandro Alonso
Alejandro Alonso
Rafael Ramírez; Jesús Bermúdez
Alejandro Alonso