Earth
Dans la forêt dégelée, un groupe d’adolescents fouille la terre. Ce qui fut la boue des tranchées recèle tout un contingent, livré os par os sous leurs pelles. Que quelque part dans une forêt semblable gisent les restes du grand-père du cinéaste depuis 1945 n’est sans doute pas indifférent. Mais la force des cadrages et l’inventivité du montage dépasse cette motivation première. Extirper de la terre pour à nouveau inhumer : ce cycle apparemment absurde livre une pluralité de sens à mesure que le film avance. Dans un entretien du Journal du Réel en 2010, le cinéaste parlait de la Biélorussie comme d’un « pays de tombes, terre de guerres incessantes » où « sont ensevelis chevaliers suédois ou allemands, soldats de Napoléon ou de l’armée russe ». Asliuk s’approche au plus près de la matière, visuellement mais aussi sur le plan sonore. Earth fait ainsi ressurgir le passé (hors-contexte, les archives filmées ont la splendeur furtive d’un affairement mystérieux), mais il le fait perdurer dans l’avenir – ne voit-on pas les jeunes, émus de porter au jour les ossements, jouer eux-mêmes à la guerre dans une autre séquence ?
Miroslaw Dembinski; Jaroslaw Kamienski
Film Studio Everest
Uladzmir Mirashnichenka
Jan Hancharuk
Victor Asliuk