El Viento sabe que vuelvo a casa
Ignacio Aguëro (en compétition à Cinéma du Réel en 2013 avec El otro día) part à la rencontre des habitants de l’île chilienne de Meulín pour préparer un scénario sur la disparition d’un jeune couple, rumeur invérifiée du cru. José Luis Torres Leiva se saisit de ce ferment de fiction puisé dans un fait-divers réel pour mettre ses pas dans les siens, assouplissant du même coup le documentaire ethnographique en distillant à travers les conversations éphémères tout un mode de vie local. Autant les questions qu’Aguëro adresse à ses jeunes candidats au casting sont directes et filmées frontalement, autant Torres Leiva œuvre de manière oblique, en particulier en ce qui concerne les rapports entre « indigènes » et « non-indigènes » sur l’île. Les témoignages révèlent en effet un clivage socio-ethnique du territoire : d’un côté le centre, San Francisco, peuplé par des natifs, de l’autre El Transito, dont les habitants descendent des colons. Mais de même qu’un pont les relie, les deux fils du film (casting et cheminement) s’ouvrent l’un à l’autre, les habitants croisés étant tout aussi porteurs de romanesque que les aspirants-acteurs. Cette porosité s’étend même aux objets : trois marmites de lessive puis trois lycéennes qui dansent font écho à trois bouilloires sur le feu… Comme les amants évanescents, la fiction s’est fait la malle avec le documentaire, évaporée au profit du réel sans la moindre béquille théorique. (Charlotte Garson)
Globo Rojo Producciones
José Luis Torres Leiva; Andrea Chignoli
Claudio Vargas
Cristian Soto
Globo Rojo Producciones