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Gyumri

Jana Ševciková
2008 République Tchèque 68 minutes Russe; Arménien

Le 7 décembre 1988, un tremblement de terre rasait Gyumri, deuxième ville d’Arménie. Officiellement, 25.000 personnes trouvèrent la mort dans cette catastrophe, officieusement, trois fois plus. Un tiers des victimes étaient des enfants. La ville, depuis, s’est remise de la catastrophe. Les traces du séisme n’y subsistent que ponctuellement, bien loin des visions d’apocalypse conservées par les archives. Mais les pansements extérieurs couvrent des blessures plus profondes. L’horreur ne vient jamais seule, toujours l’accompagne un autre fléau. Gyumri révèle un phénomène semblable, invisible, intérieure, tenace et incurable. Vingt ans après, les familles n’ont toujours pas fait le deuil de leurs enfants disparus. Cette impossibilité d’accepter la mort a engendré des croyances irrationnelles et des rituels obsessionnels où les anges, les fantômes et les doubles mènent la danse. Ces rites se sont reproduits de famille en famille, élargis à la génération suivante. Une vague d’enfants est née après le séisme auxquels les mères ont donné le nom des disparus de telle sorte que ces derniers continuent de vivre sous les traits des nouveaux et que les nouveaux se sentent habités et conduits par l’âme des défunts. Plus encore que la persistance de la douleur, c’est l’onde du choc que saisit le film de Jana Ševciková. Entre les images d’aujourd’hui et les archives d’hier, il n’y a pas de solution de continuité, mais un même mouvement, une même vibration qui poursuit son cours. (Yann Lardeau)

Production :
Jana Ševciková
Montage :
Anna Ryndlová
Son :
Jaroslav Jehlicka; Katerina Pavlovska
Photo :
Jaromír Kacer; Stano Slusny
Contact Copie :
Jana Ševciková

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