Hamada
Hamada désigne, en arabe, des plateaux rocailleux et désertiques d’altitude dont le sable a été presqu’entièrement chassé par les vents. Chez les Sahrawis – littéralement « habitants du désert » –, le mot caractérise un état de vide et d’absence de vie. Mais aussi, on le comprend dès l’entame du premier long-métrage d’Eloy Domínguez Serén, leur condition de réfugié depuis que le Sahara occidental, colonie espagnole jusqu’en 1975, a été revendiqué par le Maroc et la Mauritanie. Vivant depuis plus de quarante ans dans divers camps dont celui de Tindouf en Algérie où le cinéaste espagnol a passé plus de huit mois entre 2014 et 2017, ils attendent en vain la tenue d’un référendum pour l’auto-détermination promis par le Maroc en 1991 quand le mouvement de libération Polisario a déposé les armes. Et c’est dans cette attente que Domínguez Serén a imaginé son film en compagnie des jeunes Sahrawis, en particulier Sidahmed et Zaara, l’un tenté par l’affranchissement de l’exil, l’autre par une indépendance plus pragmatique mais non moins pleine d’embûches, tous deux prisonniers d’une vie paradoxale où l’on n’a rien à faire et où pourtant tout est possible. Ce noir tableau laisserait présager un film bien sombre, si Domínguez Serén et ses acteurs n’avaient adopté le parti inverse, de la beauté, de l’ironie, de la complicité et du rire pour partager jour après jour et, bien sûr, sans scénario, l’inventivité d’une génération dite perdue.
Antoine Thirion
David Herdies, Michael Krotkiewski
Eloy Domínguez Serén
Eloy Domínguez Serén, Ana Pfaff
David Perlick-Molinari
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