Hamlet en Palestine
Thomas Ostermeier, venu présenter Hamlet à Ramallah et animer un atelier avec des acteurs palestiniens, enquête sur l’assassinat en 2011 de son ami, l’activiste Juliano Mer-Khamis, emblématique directeur du Freedom Theatre dans le camp de Jénine.
À l’occasion d’une représentation de Hamlet à Ramallah, le metteur en scène allemand Thomas Ostermeier revient en 2012 au camp de Jénine, où son ami, Juliano Mer-Khamis, a été assassiné en 2011 en pleine rue. Mélangeant les temporalités et les régimes d’image, le film intercale rencontres avec l’entourage du directeur du Freedom Theatre et extraits d’un documentaire qu’il avait lui-même tourné. Sa mère israélienne animait déjà des ateliers-théâtre pour les enfants palestiniens traumatisés, dont certains ont pris les armes par la suite. Point nodal du film, l’entretien en prison avec l’un de ses ex-participants, ancien dirigeant des brigades al-Aqsa, oppose en filigrane résistance violente et activisme artistique – le metteur en scène allemand tenant, lui, à maintenir l’espoir que « les idées aussi peuvent faire bouger les choses ». Une symétrie émerge entre le détenu et son ami Juliano Mer-Khamis à qui il avait offert un bâtiment pour y loger le Freedom Theatre. L’un emprisonné, l’autre mort… Le sort des protagonistes de cette douloureuse enquête confirme le rapprochement opéré par le montage entre le meurtre actuel et celui de la pièce de Shakespeare. Le défunt incarnait-il une aporie ? Question amère dont rend compte la frénésie musicale et rythmique du film. Le parallèle shakespearien est mené jusqu’au bout, comme un hommage à l’homme de théâtre : ce n’est pas un hasard si c’est Hamlet qui a le dernier mot sous les traits de l’acteur Lars Eidiger, devant un public palestinien qui passe du rire aux larmes. (Charlotte Garson)
Nicolas Klotz; Thomas Ostermeier
Nicolas Klotz
Pierre Bariaud; Mikael Barre
Nicolas Klotz