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Hau mipela save wokim sol

Kumain Koleen
1991 Papouasie-Nouvelle-Guinée; France 26 minutes indéterminé

Certaines sources des montagnes de Papouasie contiennent du sel végétal qui se dépose sur tous les objets immergés comme les roseaux ou les pierres. La tribu baruya de Marawaka sait comment faire le sel. “Mon père, Kolain, fabriquait le sel. Il m’a transmis son savoir. Ce sel n’est pas une denrée ; c’est notre monnaie; il nous sert à  acheter beaucoup de choses à  d’autres tribus.”

Kumain Koleen

Kumain est né aux alentours de l’année 1950 dans la Tribu des Baruya, sur les hauts plateaux de Nouvelle-Guinée, dans la région de Marawaka. En 1951, une patrouille australienne menée par un officier nommé Sinclair était partie à leur recherche. On pouvait soupçonner l’existence d’une tribu inconnue, par l’apparition périodique sur les marchés de barres de sel végétal dont on ne connaissait pas les producteurs. Ce sel qu’ils fabriquent en calcinant des végétaux qu’ils cultivent spécialement était effectivement l’unique monnaie d’échange des Baruya avec le monde extérieur.

Un second contact “pacificateur” a lieu en 1961 et un “patrol post” permanent est installé en 1965. Kumain se souvient de la peur qu’il éprouva petit garçon lorsqu’il aperçut les premiers avions survolant le village, puis les premiers Blancs. Il vit la vie traditionnelle des petits garçons de sa tribu, où les hommes se préparent à devenir des guerriers par des initiations successives, et où les femmes cultivent encore les jardins avec des herminettes de pierre.

Adolescent, il est “convié” à aller travailler en plantation deux ans sur la côte dans la région de Kavieng. C’est là qu’il apprend le Pidgin, la langue véhiculaire de Papouasie Nouvelle-Guinée. A son retour au village en 1969, il rencontre l’ethnologue français Maurice Godelier et devient l’un de ses informateurs.

La même année, Kumain reçoit sa quatrième initiation (le stade final) au cours de la Sinmia que filmaient Maurice Godelier et Ian Dunlop. Les années suivantes, un programme de recherche plus vaste se met en place sur l’étude de l’aire culturelle Anga, aire culturelle où s’inscrivent les Baruya. une équipe d’anthropologues sociaux rejoint alors Maurice Godelier ; Kumain devient leur informateur privilégié.

En 1981, à sa demande, il passe près d’un an en France. C’est son premier contact avec le monde occidental. Il découvre le cinéma et la télévision. A son retour en Papouasie Nouvelle-Guinée, il décide de rejoindre l’école de cinéma de Goroka, la Skul Builong Wokim Piksa qui vient d’ouvrir ses portes.

En 1983, au cours du premier stage organisé par Varan/S.B.W.P. à Goroka, il réalise son premier court-métrage documentaire, Milainim, sur un instituteur de village.

En 1984, au cours du stage Varan / S.B.W.P. de Lae, il réalise un second documentaire Senis long ai (Changement à vue d’œil) qui relate l’évolution de la petite ville de Lae vue par un électricien de cinquante ans, arrivé en ville à l’âge de dix ans.

Plus tard, la même année, il rejoint sa tribu pour participer à la guerre qui vient d’éclater avec la tribu voisine. Depuis son enfance, les Baruya vivaient en état de paix armée avec leurs voisins.

En 1985, de retour à Goroka, il demande à Pengau Nengo, directeur de la S.B.W.P., de filmer le Sinmia (cérémonie initiatique qui doit se tenir dans l’année). Pengau lui confie une caméra Super 8 sonore et un stock de quarante cassettes S.8. (soit 1 h 40 de rushes !), mais ne le laisse pas emmener un second étudiant de l’école pour faire le son.

Au printemps 1986, il vient à Paris avec son film sous le bras pour suivre un stage de perfectionnement 16 mm à Varan.

En 1990, il réalise un reportage sur le tournage de Tinpis Run.

Depuis, Kumain est retourné dans sa tribu pour tourner un documentaire sur la fabrication du sel traditionnel.

Production :
Ateliers Varan; Skul Bilong Wokim Piksa (National Film Institute); Sept; Yumi Productions
Distribution :
Yumi Productions
Montage :
Evelyne Kavos
Son :
Kumain Koleen
Photo :
Kumain Koleen