Il Matrimonio
Il y a dix ans, sur une colline de Calabre, Paola Salerno filmait les préparatifs de mariage de son frère cadet, Checco. Un point de vue oblique ouvre le film : un ami de la cinéaste, amour de jeunesse, raconte un pan de leur histoire. D’emblée, le film de famille se complique d’une première personne décalée, organiquement liée à son entourage. Dès avant des considérations existentielles sur les motifs des nappes et la disposition des tables au buffet de plein air, le film séduit par la douce gratuité des premiers affairements, que l’on sent apaisés par l’air estival. L’une des invitées répète un texte qu’elle récitera, une autre fait des essais de voix pour son Ave maria, un saxophoniste se chauffe. Quant au marié, vétérinaire, il chevauche dans le jardin, silhouette haute mais enfantine. Son apparente insouciance le distingue de ses quatre sœurs, et instille dans les vibrantes discussions d’un soir d’été une pointe de dissension. Au fond, pourquoi convoler ? Sa famille, que Checco qualifie de « non conventionnelle » avant de lâcher un aparté moins amène (« famille de dingues »), n’a rien de commun avec celle, traditionnaliste, de sa future femme. Le plan furtif mais splendide où l’on aperçoit la fille de la cinéaste, Bianca, devenue jeune fille, apporte à cette discrète dissension une patine temporelle bienvenue. (Charlotte Garson)
Vivo film
Paola Salerno avec/with Giorgia Villa and Juliette Sibran Conejero
Paola Salerno
Paola Salerno
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