La Cité des Roms

En Bulgarie quelques 20.000 Roms vivent dans le ghetto de Nadejda. Un mur de béton couvert de barbelés les sépare de la ville de Sliven. Un passage souterrain permet de circuler d’une agglomération à  l’autre. Mais si Sliven s’entend à  cacher ses gitans, leurs voix, lors des consultations électorales, font l’objet de toutes les convoitises. Et tout est bon pour les acheter, du bakchich à  la danse « spontanée » du candidat avec des gamines. La campagne municipale en cours est l’un des deux grands sujets de conversation des habitués du café de Stefka Nikolova, entre deux bols de soupe. L’autre est la question de la ségrégation scolaire, une barrière invisible mais autrement plus infranchissable que l’enceinte du ghetto. A l’initiative d’une ONG, l’Organisation de la jeunesse rom, un programme de « déségrégation » scolaire a été lancé pour permettre à  des enfants de Nadejda de s’inscrire dans les écoles « bulgares » de Sliven. Coordinateur de ce programme pour l’école n°5, « l’école des bourgeois », Angel Tichaliev est chargé de suivre les progrès des enfants, de servir d’intermédiaire entre les enseignants et les familles. Son optimisme est mis à  rude épreuve entre la timidité des enfants et la méfiance des familles, le fossé qui sépare socialement les Roms des Bulgares et la ténacité des préjugés que colportent ceux-là  même qui devraient y mettre fin. (Yann Lardeau)