La Mécanique des corps
Dans un centre de rééducation fonctionnelle, des prothèses mécaniques façonnées sur mesure aident des hommes et des femmes amputés à se redéfinir en se réappropriant leur corps. Matthieu Chatellier garde trace dans son bref prologue de ce qui lui a fait décider d’explorer ce lieu : le rêve d’un humain bionique, être composite dont l’utopie a nourri toute une littérature de science-fiction. Mais si le prologue s’intéresse à la fabrication des pièces et à leur mécanique de précision, c’est l’enjeu humain et personnel que nous découvrons immédiatement après le générique. Comment repartir de zéro (la polysémie du terme « appareillage » fait penser à un long voyage, dûment préparé). Comment penser sa façon de marcher, ou de saisir un objet, gestes quasiment automatiques quand le corps était entier ? Avec l’aide des prothésistes et des médecins, c’est en fait à une réinvention de leur corps que les patients sont conviés, qu’ils acceptent leur hybridité avec humour (une patiente se compare à Cendrillon essayant la pantoufle) ou circonspection (le vieux marin plongé dans l’horizon à sa fenêtre, jumelles en main). Attentif également aux « Geppetto » qui rabotent et réajustent au millimètre près, Matthieu Chatellier observe avec pudeur et délicatesse leur travail commun. (Charlotte Garson)
Alter ego production; Nottetempo
Daniela De Felice
Matthieu Chatellier
Matthieu Chatellier
Alter ego production