La Nueva Medellín
En 1997, Catalina Villar filmait les adolescents d’un quartier populaire de Medellín, alors « ville la plus dangereuse du monde ». Le poète du groupe, Juan Carlos, y était tué trois ans plus tard. Comme l’annonce le titre de ce film-ci, la ville a changé. Mieux : elle se pose en modèle d’innovation urbanistique. Qu’il grimpe sans relâche les escaliers ou qu’il emprunte le « métrocâble », occasion de beaux travellings en plongée, Manuel, l’un des adolescents de 1997 devenu président de son comité de quartier, imprime au film son activisme arpenteur. Mais le montage alterne ce fil suractif avec l’évocation de Juan Carlos, à travers des citations de ses poèmes et le marathon bureaucratique de ses parents pour obtenir réparation de son meurtre. « Cette nuit, tout s’écrit à l’encre de sang… », notait le poète : sous la nouvelle Medellín, avec ses télécabines immaculées, Catalina Villar fait affleurer la violence passée. Les peintres d’une fresque murale se demandent comment suggérer la présence symbolique des armes sans pour autant les peindre. Séquence forte du film, la rencontre avec le maire pointe le fossé entre l’image extérieure d’une Medellín high tech et le travail de terrain à accomplir afin que la Bibliothèque España, énorme bâtiment en surplomb, récent mais déjà en ruines, ne devienne pas la métaphore de l’échec du progrès. Déjà un voile noir la recouvre, deuil d’une utopie urbaine… (Charlotte Garson)
TS Productions
Gilles Volta
Cesar Salazar; Miller Castro; Nathalie Vidal
Yves de Peretti
TS Productions