La Plage d’Esmeraldas
À peine arrivé à Esmeraldas, en Équateur, Patrice Raynal se trouve submergé par le tumulte d’un carnaval. La musique et la danse, phénomènes plus équivoques qu’il n’y paraît, serviront de fil conducteur à son récit à la première personne. Car si elles apparaissent au premier abord comme la fière revendication d’un héritage africain, la reconnaissance de surface dont bénéficient ces pratiques artistiques permet finalement de mieux ignorer la situation des Afro-descendants. La Plage d’Esmeraldas entreprend de remédier à cette invisibilisation, de participer à la contre-histoire de l’Équateur établie au fil des ans par Juan García, protagoniste central du film. Les seuls Afro-descendants représentés dans les manuels scolaires locaux sont associés à un marimba et un ballon de foot. Patrice Raynal, lui, met en lumière une série de figures ayant lutté contre l’oppression. L’assassinat en 1999 du premier ministre Jaime Hurtado, premier Noir à occuper un tel poste, vient réveiller la mémoire de combattants historiques, tels ces 23 esclaves qui, en 1553, s’emparèrent des armes de leurs maîtres pour fonder la République des Zambos. Au fil de son parcours, de villages isolés en bidonvilles péri-urbains, le cinéaste rencontre moins la continuation de la résistance que la persistance de l’oppression. La violence semble aujourd’hui plus insidieuse : elle est toujours physique, mais surtout politique, économique, géographique, environnementale. Revenir sur le temps de l’esclavage permet alors de mettre en évidence ses ramifications contemporaines, pour mieux faire renaître le courage des rebelles défunts.
Olivia Cooper-Hadjan
Fabrice Marache (l'atelier documentaire)
Patrice Raynal
Jean-Christophe Ané
L’atelier documentaire, contact@atelier-documentaire.fr