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La Révolution de l’alphabet

The Alphabet Revolution
Érik Bullot
2014 France 35 minutes Français; turc

Révolution, alphabet, écriture, amnésie, spectre, désastre, machine, avant-garde, résurrection, lettre, cinéma, anagramme : les douze chapitres de l’enquête poétique d’Érik Bullot sont autant d’entrées pour comprendre le vertige d’une réforme alors montrée comme progressiste. En 1928, le gouvernement turc a renoncé à l’alphabet arabe pour adopter l’alphabet latin. Quelle amnésie un changement aussi rapide a-t-il suscitée ? À quelle connaissance la maîtrise de l’alphabet arabe ouvre-t-elle l’étudiant d’aujourd’hui, et inversement, dans quelle mesure la translittération barre-t-elle l’accès des autres Turcs au passé ? Une résurrection du « turc ottoman » est-elle possible, en toute confiance dans la littéralité, alors que la confusion semble régner dans les discours entre différence de langue et différence d’alphabet? Même la chorale de jeunes à qui le cinéaste a demandé de chanter « La marche de l’alphabet » de 1928 semble le faire sans y mettre du cœur, comme évidée par la présence spectrale de l’alphabet occulté. Partie pour déchiffrer un palimpseste de l’histoire récente, l’enquête croise heureusement la lettre la plus présente qui soit: les bannières et les graffitis des événements du parc Gezi et de la place Taksim, à Istanbul. Non plus la révolution de l’alphabet, mais l’alphabet de la révolution. (Charlotte Garson)

Érik Bullot

Né en 1963.

Études à l’École nationale de la photographie (Arles) et à l’Idhec (Paris). Auteur de nombreux films, il a publié un roman Tombeau pour un excentrique et un essai Jardins-rébus. Co-fondateur de la revue Antigone, « revue littéraire de photographie », il collabore à Trafic, Cinéma, L’image, le monde. Parmi ses réalisations, citons :

Visible Speech, 2006, La Parole électrique, 2005, Glossolalie, 2005, La Belle étoile, 2004, Le Singe de la lumière, 2002, Cryptogramme, 2002, Oh oh oh !, 2002, L’Attraction universelle, 2000, Le Calcul du sujet, 2000

Montage :
Léo Lochmann
Son :
Jean-François Priester
Photo :
Yoann Martineau
Production / Print source :
Capricci Films

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